there's a fire starting in my heart (ft adda)

Adda & Jackson

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La journée touchait à sa fin. Assis derrière un microscope du laboratoire de l’Institut Xavier, Jackson était concentré sur l’analyse de l’ADN d’un jeune mutant à la peau écaillée. La nature de sa mutation reptilienne le contraignait à muer et perdre son épiderme régulièrement – un processus douloureux que le médecin étudiait depuis plusieurs semaines en vue de lui trouver un traitement adapté. Dans un flash écarlate, un vortex s’ouvrit soudain au beau milieu de la pièce. Le téléporteur River Wilson s’en extirpa alors, soutenant par l’épaule un jeune mutant inconscient au visage tuméfié. L’inconnu s’effondra au sol avant que Jax ne parvienne à l’attraper. « River ! Qu’est-ce qui lui est arrivé ?! »

Les deux hommes le soulevèrent jusqu’à un brancard pendant River lui expliquait dans les grandes lignes ce qui s’était passé : le jeune mutant, qui se prénommait apparemment Allen, avait été pris à partie par un groupe de Purifiers. Les crimes haineux anti-mutants connaissaient une nouvelle hausse historique depuis l’assassinat de Tyler Murphy, comme si les Purifiers s’étaient galvanisés de cette exécution publique pour reprendre leurs activités illégales. Maintenant qu’Allen était allongé sur le brancard, Jackson pouvait avoir une meilleure vue sur ses blessures et les choses n’étaient pas belles à voir : nez cassé, fracture à l’arcade sourcilière, pommette droite entaillée, bras couverts d’hématomes… Mais surtout, c’était son torse qui retenait toute son attention : Allen avait été poignardé, à quelques centimètres du cœur. « Va chercher Adda. Fais vite ! » Un nouveau portail écarlate s’ouvrit et le jeune homme avait disparu.

Il fit apparaitre un champ de force hermétique de la taille d’une serviette en papier pour compresser la plaie de son torse et stopper l’hémorragie. Les mains libres, il découpa le t-shirt de l’adolescent pour faciliter l’accès à la lacération. « T’inquiète pas mon grand, on prend soin de toi ! T’es en sécurité maintenant. » Il rassemblait ses instruments à la hâte quand son amie le rejoignit. « Adda, regarde ce qu’ils lui ont fait... » Jackson en avait la voix tremblante. Les crimes sur les gamins de l’Institut le bouleversaient. Il jeta un nouveau regard sur visage tuméfié d’Allen et avala un juron. L’adolescent avait besoin d’eux. « Il a perdu beaucoup de sang… On a des poches de O négatif ici ? »

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Jackson & Adda

Devant la fenêtre de la cuisine, un verre d’eau à la main, Adda avait le regard perdu sur le parc. L’esprit était vide, l’après-midi qu’elle venait de passer l’avait un peu abruti. L’inventaire de l’infirmerie n’était pas la chose la plus passionnante qui soit et elle avait cru perdre définitivement la vue sur les tableaux de pointage. Mais c’était fait. Et même si en théorie, la journée n’était pas encore terminée, elle envisageait clairement qu’elle le soit pour elle.

Malheureusement, les événements en avaient décidé autrement. Elle sursauta lorsqu’un portail s’ouvrit brusquement dans le calme de la pièce. River fit son entrée. Sa tête lui donna une idée de ce qu’il pouvait se passer et elle s’engouffra sans plus de questions dans le passage que lui ouvrait le jeune mutant. C’est d’abord le regard de Jackson qui la glaça, avant le corps étendu sur le brancard et le sang. La jeune femme eut un instant de flottement en observant le corps horriblement tuméfié de ce mutant. Comment était-il possible d’en arriver là ?

La question du médecin la ramena à la réalité. « Oui ... J’ai … J’ai mieux que ça. » Et la danse commença dans la salle. Alors qu’Ada s’attachait les cheveux à la va-vite, un placard bas s’ouvrit pour laisser une poche de sang passer ainsi qu’une poche de soluté. « C’est Allen Ward. Il est A positif. » Elle le savait parce qu’il était déjà venu la voir. Mais jamais dans cet état. Un pied à sérum s’avança sur lequel s’accrochèrent les deux poches. Pendant ce temps-là, Adda enfilait un masque à oxygène à Allen déjà relié à sa machine avant de trouver un kit de perfusion qui traversa la pièce.

« C’est un habitué des bagarres, mais là … » Ils ne l’avaient pas raté. Ceux qui avaient fait ça cherchaient à tuer. Et à tuer de la plus horrible des façons. Sa main effleura le bras du jeune mutant qui gémit en se tortillant un peu. « Il n’est pas inconscient … » Cela voulait sans doute signifier qu’il ressentait toute la douleur que son corps lui faisait subir. C’était l’étape d’après. Lui administrer un calmant avant que Jax commence à s’occuper de cette affreuse entaille. Elle voulait d’abord lui poser ce cathéter. L’anguille piqua la peau. Une douleur bien moindre comparée à ce qu’il devait ressentir, mais qui fit sans doute office de goutte d’eau. Les poils se dressèrent sur les bras et une vague odeur d’ozone se fit sentir. « Recule ! » Ordonna Adda à Jax avant que le corps du mutant se cabre sous l’effet de l’électricité qu’il dégagea soudainement. « Et il contrôle l’électricité … » Elle aurait peut-être dû commencer par ça.

Adda & Jackson

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Le rythme de Jackson avait déjà commencé à ralentir depuis qu’Adda avait fait son apparition. La belle infirmière avait toujours eu cet effet sur lui, depuis aussi longtemps qu’ils se connaissaient : sa simple présence, calme et rassurante, lui suffisant pour sentir sa mâchoire se desserrer. Pendant qu’elle s’attachait les cheveux, la pièce avait déjà commencé à répondre à des ordres tacites, animée par ses pouvoirs télékinétiques. Un ballet parfaitement exécuté dont elle avait le secret, raffiné par des années d’entrainement et de pratique.

Maintenant qu’Allen était oxygéné correctement grâce à Adda et qu’une perfusion allait lui être posée, ses chances de survie ne faisaient qu’augmenter. « Ça n’avait pas l’air d’une bagarre… Ces salopards de Purifiers essayaient de le tuer. » Jackson aurait voulu taper dans un mur mais la situation ne lui permettait pas d’exprimer cette colère sourde qui bouillonnait en lui. Par des gestes précis, il inspectait la lacération du thorax à la recherche de la source de l’hémorragie. Sans matériel lui permettant de réaliser un angiogramme pour scanner ses artères coronaires, il avait enfoncé son index et son majeur dans la plaie à la recherche de la déchirure veineuse – une pratique risquée mais qu’il avait pratiqué des centaines de fois au cours de sa carrière.

C’est à ce moment qu’Adda lui révéla qu’il n’était en réalité pas inconscient. Le pauvre gamin. « Allen ? On ne se connait pas encore, je m’appelle Jackson, et comme on va devenir bons amis toi et moi tu peux même m’appeler Jax. Adda est avec moi, je suis sûr que tu la connais, c’est la meilleure infirmière de ce pays. Tu es entre de bonnes mains, d’accord ? Adda va t’administrer un sédatif pour la douleur, et quand tu te réveilleras tu seras comme neuf. » Pas le temps de ralentir ses recherches frénétiques pour autant. Du moins… jusqu’à ce qu’Adda l’intime de reculer. Mains redressées près de son corps, gants tachés de sang, Jackson esquiva de peu la décharge électrique. « Merci Adda, j’aurais fini grillé. Au moins on sait qu’il a toujours de l’énergie en lui. » Les étincelles disparues, il se replongea sur l’analyse de la plaie sans trainer. « T’entends ça, gamin ? T’es un dur à cuire. Continue de te battre. » Sa voix se voulait rassurante mais le regard qu’il posa sur Adda était lourd de sens. Sous ses doigts, il sentait l’artère sectionnée : la blessure était grave, et si River n’était pas parvenu à leur ramener, Allen serait probablement décédé avant d’arriver aux urgences. « Il perd trop de sang » chuchota-t-il pour que le gamin ne les entende pas.

« J’ai une idée pour nous acheter du temps… Tu risques de ne pas aimer. » L’énergie de Jackson se mit à crépiter entre ses doigts et un tube microscopique se forma, reliant l’artère sectionnée jusqu’au cœur. Mais la faible pression cardiaque du patient ne suffisait plus à faire circuler le sang correctement. « Est-ce que tu pourrais… déplacer son sang ? Le forcer à circuler à l’intérieur de ses veines et mon champ de force pendant que je rattache l’artère ? » Ce qu’il venait de demander à Adda, il n’aurait jamais osé le demander à qui que ce soit d’autre, pas même Alaric. La précision nécessaire à une telle manœuvre, la minutie et la concentration dont son amie allait devoir faire preuve… C’était un exploit surhumain qu’elle seule saurait accomplir.

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Jackson & Adda

Ils avaient essayé de le tuer. La finalité avait sans aucun doute été celle-ci. Pourtant, ce n’est pas ça qui ébranlait l’infirmière. « Tuer est une chose. La méthode choisie en est une autre. » Souffla-t-elle les sourcils froncés, ne souhaitant pas se laisser distraire par les conséquences que la présence et l’état de ce jeune mutant dans l’infirmerie de l’Institut Xavier entraineraient. Il y avait des milliers de façon de tuer et des bien plus radicales que ce qu’avait fait subir les Purifiers à Allen. Au-delà du fait de ressentir assez de haine envers un autre être vivant pour vouloir le voir mort, Adda voyait avant tout au travers de ce corps meurtrit, la volonté de faire souffrir. C’était en premier lieu, cet état de fait là, qu’elle n’acceptait pas. Et qui l’effrayait totalement. « Mais ils n’ont fait qu’essayer, n’est-ce pas ? » Parce que pour l’instant, le pire n’était pas encore arrivé et Jax et Adda se démenaient pour que l’issue fatale n’existe pas.

Le coup de jus passé, la décision d’endormir Allen était évidente. Non seulement pour qu’ils puissent tous les deux travailler plus sereinement et calmement, en tout cas, autant que possible dans cette situation d’urgence. Mais aussi pour éviter à Allen de sentir tout ce qu’ils allaient lui faire et risquer un nouveau court jus. Alors qu’elle préparait un nouveau cathéter pour administrer l’anesthésiant au jeune mutant, Adda observa du coin de l’œil Jax qui gardait le lien avec Allen, le sécurisant et l’encourageant du mieux qu’il pouvait. Elle ne savait pas bien s’il le faisait uniquement pour son patient ou pour lui-même aussi. Mais quoi qu’il en soit, l’effet marchait également sur l’infirmière. Elle n’imaginait pas comment elle aurait pu réagir face à une urgence pareille sans le médecin à côté d’elle. En réalité, en cet instant, c’était à l’ami qu’elle s’accrochait plutôt qu’au médecin.

Parce qu’elle trouva rapidement que le médecin avait des idées saugrenues. « Tu veux quoi ? » Elle tenta de contrôler péniblement le ton de sa voix. « Je sais bien qu’il … Mais je viens de lui administrer du soluté cristalloïde … Tu te rends compte de ce que tu … » Le fait qu’elle ne parvienne pas à finir ses phrases pouvait donner une vague idée à Jax de l’état dans lequel sa proposition venait de mettre Adda. Elle expira un grand coup avant de reprendre sa place auprès d’Allen, donnant à voir à nouveau, un visage serein. « Allen, tu vas ressentir les premiers effets de l’anesthésie. » Penchée sur le mutant, elle posa une main bienveillante sur son front en sueur. « Laisse-toi aller, ça va bien se passer ». Elle ne savait pas s’il l’avait entendu. Sa perte de sang le laissant de plus en plus affaibli.

A présent endormi, Adda releva les yeux vers Jax. « J’étais justement en train de me dire que pour rien au monde, je voudrais être avec quelqu’un d’autre que toi en ce moment et tu me sors ça ! » Elle se passa une main sur le front alors qu’elle commençait à faire les cent pas dans la salle. « Tu te rends compte que le moindre faux pas peut signer son arrêt de mort ? » Elle en savait quelque chose. Le faux pas qu’elle avait fait il y a quelques années de ça et qui la hantait encore s’était traduit par un système veineux explosé. Littéralement. Elle s’agitait Adda, traduisant son état de stress, alors qu’elle ne quittait pas du regard Allen dont le sang avait fini par faire une flaque rouge au sol. Sa décision devait être prise vite. Et une fois qu’elle fut prise, elle stoppa net ses gesticulations. « Ok. En augmentant la pression au niveau du cœur et des artères, le reste devrait suivre. ».

Adda chopa un tabouret pour qu’elle puisse se positionner plus confortablement au niveau de la tête d’Allen, ses mains de chaque côté des épaules du patient. Le contact physique n’était sans doute pas nécessaire pour exercer son pouvoir, mais cela lui semblait plus rassurant. « Tu crois qu’on arrivera à l’homologuer, cette méthode ? » Demanda-t-elle très sérieusement à Jackson. « La méthode Ferguson-Hartman ? Hartman-Ferguson ? Hartguson ? » Elle lui lança un dernier regard finalement amusé avant de hausser les épaules. « On verra ça plus tard… Je te donne le feu vert. »

C’est sans aucun doute dans ces moments-là que sa pratique de la méditation allait s’avérer totalement payante. Une respiration profonde et régulière, les yeux fermés pour laisser plus de place à son sens mutant. Elle ressentie d’abord son propre corps, puis celui d’Allen. Ses bras, ses jambes, ses organes. Et puis là, son système vasculaire et ce qu’il contenait. Le liquide se déplaçait bien trop lentement et commençait déjà à déserter les organes non-vitaux. Alors elle s’attacha à remettre du mouvement. « Feu vert. »

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Allen était en train de s’endormir sous l’effet du sédatif que lui avait administré Adda. Jax posa doucement une main sur son épaule. Le gamin ne pouvait pas les voir, mais il espérait que sentir ce contact physique l’aiderait à savoir qu’il n’était pas seul. Un simple geste par lequel il lui faisait une promesse tacite, celle de lui sauver la vie. Le genre de promesse que tout médecin respectable n’avait absolument pas le droit de faire, mais Jax se sentait prêt à braver toute forme de déontologie pour Allen. L’échec n’était pas une possibilité. Pour lui… comme pour Adda qui, prenant pleinement conscience de ce que le chirurgien venait de lui demander, semblait s’enfoncer dans une forme d’anxiété. « Oui, je me rends compte de ce que je te demande, mais tu ne feras pas d’erreur. Je te connais. »

Il savait qu’elle n’avait absolument pas besoin de ses encouragements. C’était une dure à cuire, elle allait forcément se reprendre. Et c’était exactement ce qu’elle fit, quelques secondes plus tard. En la mettant dans cette situation impossible, Jax se sentait redevable – le moins qu’il puisse faire était quelques paroles d’encouragement supplémentaires. « Pour ce que ça vaut, si c’était moi sur cette table, entre la vie et la mort… Je trouverais ça assez réconfortant de savoir que tu es prête à tout pour me sauver la vie, même aux procédures expérimentales les plus folles. Je n’aurais confiance qu’en toi pour ça. » Il planta ses grands yeux dans ceux de sa meilleure amie. Le moment était grave, mais il trouvait toujours dans la prunelle de ses yeux le courage qui lui était nécessaire. « Toi et personne d’autre. »

Assise sur son tabouret, Adda s’attelait désormais à maintenir leur patient en vie grâce à son pouvoir télékinétique. Il l’observa procéder pendant quelques instants, fasciné par une telle précision, si fier de tout ce qu’elle était capable d’accomplir par la seule force de sa volonté. Et l’opération commença. Muni de lunettes chirurgicales à verres-loupe, Jackson passa le plus clair de l’heure qui suivit à rattacher des vaisseaux déchirés aussi vite qu’il le pouvait. Entre deux micro-sutures, le médecin lança un regard à l’infirmière à la concentration d’acier. « Tu fais un travail exceptionnel, Adda. C’est presque fini… Tiens bon. » Presque était un mot généreux. Il ne s’était pas encore attaqué à l’artère principale, source de l’hémorragie principale et retenue par son champ de force en forme de tube.

C’est là que les choses se corsèrent. La tension était palpable, mais grâce à l’action d’Adda, le corps d’Allen continuait à tenir le coup. « Tu sais, par rapport au nom de toute cette procédure… On pourrait simplement l’appeler la méthode Ferguson, c’est toi qui fais tout le boulot. » Il tirait le fil en polypropylène de son aiguille avec des gestes assurés et méticuleux. Parler pendant ces moments de tension l’aidait à ne pas se concentrer sur les muscles de ses mains pour éviter crampes et tremblements. « Enfin, réflexion faite, ça ne serait pas la première fois qu’un homme blanc s’attribue tout le travail d’une femme de couleur. Appelons ça la méthode Hartman, ça sonne très bien ! » Il ne put s’empêcher de détourner son regard d’Allen quelques instants pour adresser un sourire complice à Adda.

Presque deux heures s’étaient écoulées depuis le début de l’opération et l’artère était désormais rattachée. Jax n’osait imaginer l’état d’épuisement dans lequel se trouvait à présent son amie. « On y est presque, Adi. » Il releva ses lunettes chirurgicales et déposa ses instruments. « Je vais faire disparaitre le champ de force et tu vas pouvoir arrêter de faire battre son cœur. Si les sutures tiennent et qu’il n’y a pas d’arythmie cardiaque… il est sauvé. Prête ? » Jax avait l’estomac dans les talons. S’il avait commis la moindre erreur au cours de l’opération, Allen allait entrer en asystolie et il n’était pas sûr de pouvoir intervenir à temps pour le sauver. Il prit une profonde inspiration. « Maintenant. » Son champ de force microscopique disparut. Les yeux rivés sur le moniteur électrocardiogramme, Jax guettait la moindre fluctuation de sa pression cardiovasculaire avec appréhension. Il fallait qu’Allen tienne le coup. Il le lui avait promis.

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Jackson & Adda

C’est parce qu’elle n’avait pas d’autres idées que la jeune femme se retrouva dans cette situation. Allen était sur un fil et les équipements qu’ils avaient à disposition, bien que très modernes, ne suffiraient pas à maintenir en vie ce garçon. L’institut n’était pas un hôpital. Il s’agissait là juste d’une infirmerie bien équipée et d’un laboratoire. Adda avait accepté ce pari fou, parce que Jackson semblait sûre de lui. Et sûre d’elle. La confiance qu’il plaçait en elle était sans doute bien plus grande que la sienne. C’était assez écrasant, d’ailleurs, comme sensation et Adda se sentie encore plus petite qu’elle ne l’était déjà lorsque Jax le lui fit clairement comprendre en la regardant droit dans les yeux. « Je sais pas comment tu arrives à faire ça. Me booster et me mettre mal à l’aise en même temps … » Et elle rit légèrement avant de se concentrer sur sa tâche. « Tu es un sacré manipulateur, en réalité … » Conclut-elle finalement avec un léger sourire.

La suite ne fut que question d’équilibre. En réalité, il ne s’agissait que de ça. Insuffler assez de puissance pour faire tourner la machine, mais pas trop pour qu’elle ne surchauffe pas. La jeune femme avait l’impression de sentir chaque organe, muscle, os … d’Allen avant de finalement se concentrer principalement sur le palpitant et son processus d’irrigation vitale. Comme le ressasse des vagues, elle imposait un rythme au corps alors qu’il n’avait plus les moyens de le faire seul, même si la poche de sang auquel il était relié avait fini par le soulager, lui et la jeune femme. Ce qui lui permit de jeter un œil à Jax, tout aussi concentré qu’elle. Il était médecin, chirurgien, les opérations longues et compliquées, il connaissait. Mais l’inédit de la situation devait lui rajouter de la tension. « C’est vrai que le tien n’est pas si folichon que ça … » Elle choisit maladroitement le sarcasme pour recevoir les encouragements de son ami, alors qu’elle se tortillait un peu sur le tabouret pour éviter les crampes dans son dos.

« Femme de couleur, mutante et qui n’a pas peur de tenir la main d’une autre femme. Les tares commencent à se cumuler … » En cet instant, les travers de leur monde semblaient bien dérisoires. Suffisamment pour les détourner en humour noir. « Je te laisse volontiers le nom, Docteur Hartman. A condition que tu me laisses être présente au moment où tu présenteras la méthode en commission … » Il y avait sans doute moyen de de bien rigoler. Ou pas. Si ce qu’ils étaient en train de faire s’avérait être payant, la méthode serait alors révolutionnaire et ouvrait ainsi de sacrés perspectives médicales. Mais ils en étaient sans doute bien conscients tous les deux, tout ceci resterait dans la confidentialité de cette infirmerie. Un autre secret partagé entre eux. Et c’était peut-être mieux ainsi.

En attendant, c’est avec un soulagement dissimulé, toujours concentrée sur le palpitant qu’Adda accueillit la fin de l’opération. Le moment de vérité était donc arrivé. Jax mit fin à l’action de son pouvoir et la jeune femme se retira doucement, n’osant pas lâcher le cœur qu’elle avait métaphoriquement tenue entre ses doigts. Elle resta pourtant à l’écoute de ses fluctuations kinésiques. Le rythme descellera quelques secondes durant lesquelles la respiration d’Adda se coupa avant de reprendre un battement plus régulier, comme si l’organe se faisait de nouveau à son propre rythme. Le regard de l’infirmière se dirigea dans la même direction que celui du médecin pour avoir l’avis de la machine qui confirma également que tout semblait remarcher de nouveau.

« Putain de bordel de merde … » Souffla soudainement Adda qui s’appuya sur la paillasse de l’infirmerie. Son cerveau était tellement en compote et ses nerfs à vifs qu’elle ne put retenir les jurons coincés dans sa gorge depuis plusieurs heures maintenant. Ni les larmes qui lui brouillèrent la vue. Surprise par cette soudaine montée d’émotion, elle se redressa en reniflant un coup. « C’est pas fini. Il y a encore son visage. Il va falloir attendre que l’hématome autour de son nez dégonfle. Il faut de la glace … » Adda s’agitait dans la pièce, prenant soin d’éviter le regard de Jax. Un comportement qui contrastait avec les gestes précis qu’elle avait eus lorsqu’Allen était arrivé. « Son arcade aussi et son bras … Je ne suis pas sûr qu’il soit cassé, mais … » Mais non, elle n’y arrivait pas. Elle n’y arrivait plus. L’adrénaline redescendait et la laissait confuse, épuisée, vidée.

Elle plaqua ses mains contre son visage, tentant une dernière fois de se contenir. Mais voyant l’échec arriver, Adda se ratatina sur elle-même et finit accroupie dans un coin de la pièce. « J’suis désolée Jax, mais j’ai eu si peur ! Si tu n’avais pas été là, je sais pas comment j’aurais fait ! » De ses mains, elle essuyait fébrilement les larmes qui coulaient au fur et à mesure sur ses joues. « On peut pas laisser nos gamins se faire tabasser, comme ça ! C’est pas possible de laisser passer un truc pareil ! La prochaine fois c’est un cadavre qu’on nous amènera ! J’arriverais pas à gérer s’ils nous amènent des cadavres, j’y arriverais pas, Jax ! »

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