Bring on the night
Cleo n’avait jamais été du genre trop sociable, trop soirée, trop alcool. Mais quand sa meilleure amie Juliet la lançait, alors elle ne pouvait s’empêcher de rentrer dans le jeu. Elle laissait ses fringues confortables et son naturel au placard, profitant de l’occasion rare pour enfin se faire belle. Coiffure, maquillage, tenue un peu plus chic… Elle gardait quand même ses baskets, sa paire de vans fétiche, fallait pas déconner. En fait, en soirée, Cleo était plutôt méconnaissable. De premier abord, elle n’avait pas l’air d’être le genre de femme à prendre grand soin d’elle : elle ne coiffait même pas sa tignasse bouclée, par pure flemme. C’était sûrement pour ça, que Juliet adorait inviter la belle métisse en soirée, parce qu’elle adorait qu’elle se surpasse et sorte des sentiers battus. Et puis, elle savait aussi que Cleo avait l’alcool plutôt joyeux, alors ça l’aidait. Elle aimait la voir plus optimiste que ce qu’elle était habituellement.
Alors cette fois là n’avait pas échappé à la règle : Cleo accepta de venir et s’apprêta. Fallait dire qu’elle ressentait carrément le besoin d’y aller, à cette foutue soirée, pour une fois. Elle méritait un peu de repos, un peu de fête, loin des obligations que lui infligeait l’Institut Xavier. Elle qui venait à peine de se battre dans une banque avec des braqueurs (et ce coup de feu émis par sa faute dont le son lourd hantait encore ses nuits) et son groupe de mutants, estimait qu’elle avait le droit, le temps d’une soirée, de croire qu’elle était normale. Ouais, qu’elle menait une vie normale, qu’elle avait pas son pouvoir de merde, qu’elle n’avait jamais eu besoin de fuir de chez ses parents, d’échapper à sa vie et sa famille, et… Putain, ouais, elle était tout sauf normale, la vie de Cleo. Alors elle avait bine le droit de vouloir rattraper le coup.
C’est sûrement pour ça qu’elle avait attrapé une bière à peine était-elle arrivée, sous les yeux illuminés ravis de Juliet : pour oublier. Alors elle buvait gorgée sur gorgée, devenant au fil du temps plus joyeuse et sociable qu’à son habitude. Cleo, qui était arrivée en ne connaissant que Juliet, avait su se trouver des potes de boisson pour la soirée. Youpi, une mini victoire !
« Elle est vraiment trop belle. » Cleo entendit la voix de Juliet à ses côtés, et tourna alors vivement la tête pour suivre le regard de la jolie blonde. Elle tomba nez à nez avec, euh… Comment s’appelait-elle, déjà ? Traître, c’était pas ça ? Hm, si, quelque chose du genre. En tout cas, fallait croire que Juliet, elle elle en avait rien à foutre de savoir les positions politiques et sociétales de Nico.
« Tu crois qu’elle me signerait un autographe ? »Cleo fronça ses sourcils, sa tête se tournant de nouveau vers sa meilleure amie.
« Non. » Dit-elle sûrement un peu trop sèchement. Et ses lèvres se pincèrent directement.
« Elle n’est pas des nôtres. » Et ça, Cleo le pensait vraiment. Comment une mutante pouvait-elle faire l’apologie du recensement ? Il semblait, au premier abord, qu’absolument tout séparait la brune et la blonde.
Un peu perplexe, Juliet haussa ses épaules. Elle avait l’habitude d’écouter sa meilleure amie, tout comme Cleo avait l’habitude d’écouter la blonde, mais elle gardait parfois aussi son propre chef. Ecouter, ok, obéir, non. Alors elle s’avança vers la belle actrice, un immense sourire aux lèvres, prête à lui dire à quel point elle était magnifique. Mais c’était sans compter sur Cleo, qui était… Très têtue. Juliet n’eut même pas le temps d’ouvrir la bouche que Cleo attrapa le poignet de la blonde, comme pour la retenir.
« Perd pas ton temps avec elle. » Conseilla-t-elle à sa meilleure amie. Clairement, elle se fichait que Nico puisse être blessée par ses paroles, car, selon Cleo, elle les méritait.